Thérèse LOPEZ

IN MEMOREM

Comment vous dire notre mère... En occultant les années sombres... Et celles joyeuses de sa vie ? Que nenni !!!
Fille de la grande bourgeoisie de début de siècle, ( reconnue sous Louis Philipe), Jeanne Laferrière, dans sa jeunesse s'était engagée comme Précéptrice des enfants du Tsar de Russie (Nicolas II) et, a à son retour de la chute de l'empire, choisit de se commettre avec un roturier du nom de Maltete....Et, fut déchue de tous droits par sa famille...
S'en vinrent les années sombres de la guerre de 39/45...
Encore jeune enfant, Thérèse, fille de Jeanne, s'était vue à l'âge de 11 ans (deux ans avant la guerre), orpheline de père et donc subissant de plein fouet, avec sa mère toutes ces années terribles de l'occupation...
Puis vint l'après-guerre. Et la soif de revivre de nouveau...
Les fêtes, les rires, les bals et puis ce désir ardent d'exister...
Il me souvient... Selon les dires de ma mère, que c'est au détour d'un bal qu'elle fit connaissance, après avoir dansé avec le frère, de celui qui allait être mon père...
Mon père, cet étranger Republicain, réfugié politique Espagnol soumis à camp de rétention avec toute sa famille, en la Citadelle de Palais, a Belle-ile en Mer....
Mais, l'histoire dit que la jeune Thérèse s'en vint vivre à Paris et, fréquentant les milieux "branchés" de la capitale, se retrouva de nouveau, en présence du bel hidalgo dont elle sut, reconnut qu'il était celui attendu...
S'en suivit une romance plus que soutenue, et un mariage donnant jour au premier de leurs enfants (Albert) puis au deuxième (Christian)
Les années difficiles de l'après-guerre, ont conduit, ceux-ci à l'exode en des terres hispanisées de l'Amérique du Sud...
Non-contents d'avoir engendré deux enfants, ils en firent une troisième (Lydia) puis une quatrième (Béatrice) toutes deux nées d'exil et d'amour...
Puis ce fut le retour en France, terre d'exclusion et d'asile après dix années passées en Uruguay...
Puis, vint notre perle à tous, cette petite blondinette (Claire) née après tant de pérégrinations, enfantée de désir et d'amour...
M'interroger sur notre mère ??? Comme vous y allez !!!
Elle était belle !! Elle était joyeuse !! Elle était triste, elle était sublime, parfois évanescente, futile et outrancière... Nous l'avons aimée et détestée !!!
Elle adorait la musique et la danse qui. Pour elle, était un encanaillement....
Elle adorait Nat King Cote (Unforgettable Love) Louis Mariano, Jean Ferrat, les comédies musicales telles que celles de Fred Astaire et Ginger Rogers ou Rita Hayworth et puis elle aimait le Jazz, le Blues, les romans policiers et series qu'elle suivait avec ses petites filles Guylène et Cécile... et mille autres choses encore....
Mais elle a surtout été une mère qui nous a tous marqués par sa force et ses faiblesses, par ses conquêtes et ses renoncements, par sa libre parole et ses excès par ses choix futiles et parfois sérieux... La vie, l'amour, la mort... Elle se disait chienne à l'envie !!! Mais elle adorait ses chiots !!!
Parlant de ceux-ci, après avoir été mère la voilà devenue grand mère de petits enfants dont: Véronique, Sandrine, Guylène, Cecile, Jonathan, Julian, Gwendoline, Morgane et Laowen.
Puis vinrent ensuite les arrieres petits enfants: Aurelie, Gaelle, Antoine et Nekane....
Tous cinq, ses enfants, et petits enfants, participons, en ce qu'elle nous a construits de bric et de broc... Et nous portons en nous, un héritage que nous reconnaissons,, et dont nous ne saurons la portée pour nos enfants et les enfants de nos enfants...
Chapeau bas Thérèse !!!!!

Tes petites filles Guylène et Cécile qui t'aiment. Les souvenirs, rires et histoires de grand mère perdureront.

Enfin repose en paix ma grand mère Thérèse, la plus âgée et la dernière ayant survécu à mes autres grands parents. Je m'en souviens bien affectueusement. Mamie perdurera dans ma mémoire pour son énergie, sa bonne humeur,parfois ses coups de gueule contre le papi, ses gentilles attentions et longues conversations. Les beaux étés et moments passés près d'elle à Carnac m'ont marqué. Elle me montrait, fière, son atelier couture au grenier, ses dernières créations déco, les rideaux assortis aux coussins et dessus de lit de la jolie chambre bleue dans laquelle nous dormions ma sœur et moi. Elle nous accueillait toujours chaleureusement et aimait nous raconter son enfance, son adolescence, sa vie d'adulte, de mère, en long, en large et en travers, une fois et une autre fois. D'ailleurs, nous adorions l'écouter et elle se nourrissait de nos regards d'enfants émerveillés par ses histoires, ses mésaventures, sa vie et de nos rires échangés. Nous partagions des moments recettes et surtout dégustation. Nous adorions ses crèmes, parfums et me reviennent à l'esprit des moments partagés dans la salle de bain à essayer textures et odeurs. Plus tard, étudiante à Paris, j'avais l'habitude, les mercredis, d'aller partager un repas et un début d'après-midi avec elle et, de nouveau, je replongeais dans l'enfance à écouter ses histoires et à en re-découvrir les détails. Elle aussi voyageait dans le temps, ses yeux riaient à gorge déployée. Dès le jour où elle ne m'a plus reconnue, je ne suis plus retournée la voir, sûrement pour me protéger. Son existence s'est ralentie et la mienne a pris un autre tournant en Espagne.Malgré la distance, j'ai toujours eu quelques pensées pour elle et l'ai souvent citée dans mes cours d'histoire, j'ai transmis aux nouvelles générations, certaines de ses mésaventures lors de l'occupation, ses anecdotes sur le beurre qui avait fondu dans son dos au cours des km parcourus en vélo au retour du rationnement alimentaire. Je l'ai souvent citée à mes proches et amis comme l'exemple de la grand mère libérale, rigolote, pudique de ses sentiments mais qui avait eu de belles attentions comme celle de passer des heures à coudre de fantastiques robes de poupées pour ma soeur et moi, avec de fabuleux tissus et formidables boutons, avec goût et beaucoup d'amour, comme certaines de ses caresses dans nos cheveux d'enfants ou encore ses bises généreuses. Elle a eu une longue vie, remplie de hauts et de bas, d'erreurs, de choix, de bonheur et malheur et je pense avoir eu le privilège de la connaître dans sa période la plus sereine et sage, ainsi le souvenir qu'il me reste de ma mamie en est d'autant plus gratifiant.

Notre mère repose enfin en paix, après dix ans de galère en EPADH !

Que notre mère repose enfin en paix après 10 ans de galère en EPADH