Serge MOSTURA

Serge Mostura est resté pour moi ce jeune professeur venu au lycée de Montmorency effectuer un remplacement l'année de mon bac de français, et je crois pouvoir dire au nom de tou(te)s mes camarades qu'il fut cette année-là le printemps de toute une classe. Il était presque aussi jeune que nous et aussi passionnant que passionné. Comme il lisait bien les Chants de Maldoror, par exemple. J'ai appris son décès par hasard, en faisant les démarches auprès des pompes funèbres à la suite du décès de ma mère, survenu le 15 novembre. J'ai trouvé ce hasard singulier. Qu'il me permette au moins de souhaiter à mon professeur de reposer en paix et de présenter à ses amis et à ses proches mes plus sincères condoléances.

Comment imaginer la disparition de Serge Mostura? Sa présence vibre dans notre mémoire, elle est là, vivante, et c’est comme si on l’entendait nous dire tout bas à l’oreille: « ne t’en fais pas, ce n’est pas grave ». Serge savait consoler, rassurer, conforter. De sa voix grave, un peu rauque marquée par le tabac. Ou parfois même juste d’un regard. Lui si sérieux, même la mine grave, il avait les yeux qui riaient. Serge était un très grand diplomate, voyant clair dans le brouillard du monde, là où tant d’autres se perdent, identifiant les vrais rapports de force sous la surface des choses, ne perdant pas de vue ces permanences qui font l’épaisseur du monde: la culture, les valeurs, l’histoire. La profondeur de ses analyses le mettait à l’abri des jugements hâtifs. Il fut pour beaucoup une boussole. Ceux qui lui doivent tant formeraient un très long cortège! Serge était aussi un être tendre, présent jusqu’au bout pour tous ceux qu’il aimait. Jusqu’au bout, sur son lit d’hôpital, il cultiva ses jardins secrets. A ceux qui l’aimaient et qui pensent qu’un jour sans lui est un jour de trop, sans doute dirait-il encore : « ne t’en fais pas, ce n’est pas grave». Mais le vide qu’il nous laisse est insondable.

Dearest Doreen, I am so saddened by Serge’s passing. My deepest condolences to you and the children. Just recently I was just looking at pictures of my first trip to Paris and my stay with you and Serge. Sending you tons and tons of Love. Love, Jeffery